La journée rose, une occasion pour penser au vécu parfois sombre des membres 2SLGBTQIA+

La Journée rose est, à l’opposé de ce que laisse croire « sa couleur », n’est pas du tout ici synonyme de romantisme et de joie. L’origine de sa création vient au contraire de la peur et du refus de l’autre, mais la journée est aussi synonyme de solidarité. 

En effet, elle a été créée en 2007 quand un adolescent de la Nouvelle-Écosse a été intimidé dans une école secondaire parce qu’il avait mis un t-shirt rose. L’homophobie fut la motivation de l’intimidation. Néanmoins, la réaction des élèves qui ont porté du rose pour témoigner de leur solidarité a été magnifique. Depuis, le deuxième mercredi du mois d’avril, le 12 cette année est annuellement célébrée en tant que journée de soutien et d’action à la communauté LGBTQI+.

Elle a pour objectif la sensibilisation et comme idéal la création d’un monde valorisant la diversité et l’inclusion. On encourage alors les jeunes à faire face aux normes sociétales. On incite les éducateurs à se déclarer contre l’intimidation à l’encontre de la communauté LGBTQIA+.

Législation au Canada

Le Canada a décriminalisé les rapports sexuels privés entre adultes consentants du même sexe de plus de 21 ans depuis 1969.

L’article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés stipule l’égalité entre tous indépendamment de la race, de l’origine nationale ou ethnique, de la couleur, de la religion, du sexe, de l’âge ou des déficiences mentales ou physiques.

En 2000, le Parlement canadien a promulgué la loi C-23 accordant aux couples homosexuels les mêmes avantages sociaux et fiscaux que les couples hétérosexuels dans des unions de fait. Le mariage homosexuel est quant à lui légal depuis le 20 juillet 2005 avec l’adoption de la Loi sur le mariage civil, changeant ainsi la situation dans 4 des 13 juridictions canadiennes. Elle est déjà acceptée dans les 9 autres provinces procédures judiciaires.

État des lieux

Malgré les lois qui les protègent et malgré une société plutôt ouverte et progressiste, trop de personnes 2SLGBTQIA+ subissent discrimination, oppression, intimidation, exclusion, violence et agression.

Elles ont plus de freins et d’obstacles à trouver des opportunités professionnelles ou un logement ou encore à accéder aux soins. Souvent, elles se retrouvent avec un logement précaire et un faible revenu.

Dans le milieu professionnel, beaucoup de membres de la communauté continuent à se confronter à l’iniquité, voire à l’exclusion et à la violence.

Ils sont plus confrontés que d’autres à la brutalité policière et au harcèlement.

Une étude menée par le Comité permanent de la santé, intitulée « La santé des communautés LGBTQIA+ au Canada » a également révélé des iniquités au niveau des sous-groupes concernant la santé. Cette iniquité, dont les principales raisons sont la discrimination et la stigmatisation, existe aussi entre les membres de la communauté et les hétérosexuels.

L’ensemble de la communauté reste également plus susceptible que ces derniers d’avoir des troubles mentaux. À ceux-là s’ajoute plus de risque d’avoir des idées suicidaires, voire de passer à l’acte.

Dans une enquête de Statistique Canada publiée en 2018, il a été révélé qu’à partir de l’âge de 15 ans, et durant les 12 mois ayant précédé l’enquête, les personnes canadiennes et queer étaient plus susceptibles que les hétérosexuelles d’avoir été agressées physiquement ou sexuellement. Ces agressions vont jusqu’à causer des blessures dans une proportion plus grande que chez les hétérosexuelles. Elles sont moins signalées que chez ces derniers.

Les facteurs identitaires aggravent parfois la situation des personnes de minorité sexuelle. On dénote que la brutalité policière est accrue quand la personne est racisée et/ou autochtone.

Le comité de la santé a par ailleurs souligné dans son étude que les iniquités en matière de santé sont nourries, chez les personnes de minorité sexuelle, par l’origine ethnique, le revenu et l’accès aux soins de santé.

Notons que les aîné(e)s sexuellement minoritaires sont susceptibles de connaître ces iniquités.

Les communautés 2SLGBTQIA+ d’expression française en milieu doublement minoritaire

Les personnes d’expression française et de minorité sexuelle et linguistique sont confrontées à plus d’obstacles et ont un moindre accès aux ressources et aux mécanismes de soutien anglophones. Elles sont plus isolées et vulnérables, elles font face à la solitude, à la dépression et à la frustration, parfois même aux dépendances, quand en plus de leur orientation sexuelle, elles sont face à la barrière de la langue et ne peuvent exprimer leurs émotions dans une langue autre que la leur.

Il existe dans le tissu associatif quelques organismes qui essayent de remédier à la situation des minorités sexuelles. Citons l’exemple du Comité FrancoQueer de l’Ouest (CFQO), et qui rassemble les membres de la communauté et de leurs allié(e)s dans les provinces de l’Ouest canadien Le CFQO a pour mission, entre autres, d’offrir des activités, des services et des programmes adéquats à leurs besoins.

Il est vrai que faire partie d’une minorité sexuelle au Canada est de loin meilleur que dans d’autres contrées où l’acte est criminalisé et la communauté de minorité sexuelle exécutée, flagellée, pourchassée ou emprisonnée. Néanmoins, l’équité et la sécurité ne sont pas égales entre les hétérosexuels et les personnes 2SLGBTQIA+. Elles le sont encore moins chez ces dernières quand elles sont autochtones, noires ou francophones. La journée rose nous sert à nous rappeler que tout n’est pas rose pour elles.


Quelques chiffres

  • 13 % des Canadiens appartenaient aux communautés LGBT selon un sondage de la Fondation Jasmin Roy, 2017.
  • 57 % des LGBTQIA+ par rapport à 22 % des hétérosexuels ont été victimes de comportements inappropriés en public.
  • 37 % par rapport à 15 %, en ligne
  • 44 % par rapport à 22 % au travail
  • Statistique Canada 2018
  • Les hommes gais et les personnes bisexuelles sont plus susceptibles que les femmes lesbiennes d’être victimes de violence de la part d’un partenaire de même sexe, Institut national de santé publique du Québec

 


Si vous voulez avoir plus d’informations sur le chandail rose ou présenter un atelier sur la journée du chandail rose, visitez le www.cfqo.ca

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