L’éducation nationale et la recherche en français au Canada : un contexte difficile et un avenir incertain

Une année scolaire s’achève bientôt et c’est le moment de faire un bilan. Quelle place a la francophonie dans l’éducation et l’enseignement au Canada ? Qu’en est-il aussi des établissements postsecondaires et de la recherche ? Pénurie et déclin, deux mots qui reviennent souvent dans l’évaluation de la situation. Est-ce le cas ? Nos jeunes francophones sont-ils parfois presque obligés d’abandonner leurs études en français ? Nous essayerons de présenter dans cet article une analyse des faits et des réponses aux questions!

Précisons d’abord que l’éducation étant une affaire provinciale et non fédérale, cela a pour conséquence que la situation diffère d’une province à une autre. Cela aussi veut dire qu’une stratégie fédérale en matière d’éducation ou de la recherche, à moins qu’elle soit traduite dans des ententes avec les provinces, ne peut avoir un impact significatif.

En effet, le gouvernement fédéral œuvre pour la promotion des langues officielles dans l’enseignement depuis les années 70. La proclamation de la loi constitutionnelle en 82, ainsi que la Charte canadienne des droits et libertés, notamment l’article 23, ont par la suite accordé la possibilité d’étudier dans la langue de la minorité. Néanmoins, l’article ne concerne pas expressément l’enseignement préscolaire ou postsecondaire.

Seulement, selon Statistiques Canada, près du tiers des enfants admissibles âgés de 5 à 17 ans, 31,4 %, n’avaient jamais reçu de cours dans la langue officielle minoritaire au Canada. Un chiffre important certes, mais il semblerait que les établissements scolaires sont en train de perdre des élèves.

Notons que selon la même source, nous comptons 56 000 enfants admissibles à l’éducation en français en Colombie-Britannique.

Néanmoins, aujourd’hui, avec le changement du contexte social grâce au facteur immigration, il y a un nombre considérable d’élèves d’expression française voulant faire leurs études en français.

En octobre 2022, les représentants des 28 conseils scolaires francophones des différents provinces et territoires canadiens, hormis le Québec, se sont réunis à Whitehorse pour faire l’état des lieux et discuter des défis se rapportant à l’enseignement en milieu minoritaire.

La pénurie du personnel représente l’un des défis majeurs en milieu scolaire.

Dans ce cadre, le président de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones, Denis Chartrand a évoqué la possibilité d’étendre l’article 23 aux préscolaire, garderies et postsecondaire. L’obtention de plus de services en milieu préscolaire a ainsi été discutée.

La recherche scientifique en français, désavantagée face à l’anglais.

Trois organismes fédéraux financent la recherche au Canada. Il s’agit de l’Institut de recherche en santé du Canada (IRSC), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH). Leurs données, combinées à un rapport commandé par l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences, l’Acfas, et paru en juin 2021 sont alarmants. Elles témoignent d’un lent déclin de la recherche, notamment scientifique, en français. En effet, il y a de moins en moins de subventions et de ressources, ainsi que moins de projets acceptés, notamment dans le domaine de la santé où les demandes sont souvent rejetées.

Ainsi, une lecture des requêtes de subventions des 30 dernières années démontre que la majorité des financements va à la recherche en anglais tandis que le nombre de projets rédigés en français chute depuis 30 ans. Notons que 95% des subventions octroyées par les organismes subventionnaires entre 2019 et 2022 ont été accordés à des projets rédigés en anglais, affirment les données combinées de L’IRSC, le CRSH et le CRSNG.

Les chercheurs et chercheuses d’expression française qui se sont exprimés là-dessus affirment se sentir pénalisés et désavantagés. Certains avancent être « victimes de préjudices ». La directrice de l’Acfas, Sophie Montreuil, a par ailleurs indiqué qu’il s’agissait là d’un déclin irrémédiable…

Selon une étude réalisée pour le compte de l’Acfas, la recherche en français, en dehors du Québec, a besoin, outre le financement, d’être valorisée et reconnue.

Les chercheurs et chercheuses d’expression française en milieu minoritaire au Canada subissent une pression pour se convertir à la publication en anglais. Ils travaillent souvent dans de plus petites universités et n’ont pas accès à des ressources soutenant la recherche en français. Notons qu’ils assument également plus de tâches administratives.

Soulignons que le cursus postsecondaire en français se révèle parfois être un parcours du combattant dans certaines provinces comme la Colombie-Britannique où les choix des programmes sont limités par rapport à l’anglais et à d’autres provinces. Or ce sont ces établissements d’enseignement supérieur qui forment entre autres les enseignant(e)s des établissements scolaires primaire et secondaire qui connaissent justement une pénurie.

En Colombie-Britannique, le Bureau des affaires francophones et francophiles de l’Université Simon Fraser, le BAFF, œuvre pour améliorer la situation et pour que les étudiant(e)s puissent avoir accès à plus de programmes en français. Quant aux études collégiales, le Collège EDUCACENTRE est le seul collège francophone de la province et offre entre autres des programmes à distance.

 


Organismes œuvrant dans le domaine de l’éducation en langue française en milieu minoritaire :

  • La Fédération nationale des conseils scolaires francophones.
  • Le Réseau de recherche sur la francophonie canadienne (RRF)
  • L’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne l’ACUFC participe à soutenir les activités du RRF depuis 2007.
  • Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques
  • Patrimoine canadien

Notons que la FNCSF œuvre avec un plan stratégique sur l’éducation en langue française, PSELF, visant à renforcer, étendre et animer le réseau des écoles de langue française en contexte minoritaire au Canada. Ses priorités sont : pédagogie, apprentissages et construction identitaire, ainsi que la diversité culturelle et immigration.


CHIFFRES

Selon Statistique Canada

  • 897 000 enfants canadiens sont admissibles à l’éducation dans une langue officielle minoritaire, près de 1 enfant sur 8.
  • Près de 600 000 enfants sont admissibles à l’éducation en français.

593 000 enfants âgés de moins de 18 ans admissibles à l’instruction en français au Canada, à l’extérieur du Québec, près de 1 enfant sur 10

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