Histoire des communautés francophones au Canada et en Colombie-Britannique

Les personnes d’expressions françaises viennent au Canada en provenance des cinq continents. Cela en fait une communauté diversifiée et multiculturelle tout en étant profondément et historiquement canadienne.

Mariages mixtes avec les premières nations, Filles du roi, traite de fourrure et ruée vers l’or (…), beaucoup d’éléments composent l’histoire passionnante de la constitution des premières communautés des Canadiens français.

Quelles sont les origines des premiers francophones ayant foulé le sol canadien, ainsi que celui de la Colombie-Britannique et comment a progressé leur présence au fil des ans, voire des siècles?

La présence française au Canada remonte au début du 17e siècle. Notons que la colonisation était d’emblée la raison pour l’arrivée des Français, et que la prise des terres auparavant autochtones en fut le résultat dès le début de la présence européenne dans le continent.

Soulignons néanmoins qu’aujourd’hui, les personnes d’expression française ne sont pas toutes d’origine française.

L’Acadie, fondée en 1605 en Nouvelle-Écosse par les colons français, majoritairement du Poitou fut la première région francophone. En 1608, le Québec, baptisé la Nouvelle-France, est fondé avec l’arrivée du navigateur Samuel de Champlain, originaire de la Brouage, ancienne commune du sud-ouest de la France. Et en 1610, la présence française s’enregistrait en Ontario.

La Nouvelle-France s’étendait alors du détroit de Belle Isle, aux Grands Lacs et à la Louisiane aux États-Unis, en passant par Terre-Neuve et l’Acadie et la baie d’Hudson.

La langue française constitue depuis cette date et surtout avec la lutte coloniale autour de l’Amérique du Nord, entre la France et l’Angleterre, un symbole culturel et identitaire impactant l’évolution historique et l’identité canadienne.

La lutte coloniale s’est d’autant nourrie des enjeux commerciaux. C’est ainsi que le commerce de fourrure dicta certains choix politiques et communautaires. Des colons français et des hommes œuvrant dans la traite des fourrures, aussi connus du nom de « coureurs des bois », se sont rapprochés des autochtones S’en sont suivies des alliances culturelles entre les deux communautés, ainsi qu’un partage linguistique. Selon les religieux, la conversion au christianisme permettait aux autochtones d’être considérés au même titre que les Français. Seulement, leurs attentes furent déçues par la croyance religieuse autochtone qui, chez plusieurs populations locales, intégrait le dieu chrétien tout simplement comme un être puissant parmi d’autres. Ce sont alors les « coureurs des bois » qui apprendront les langues autochtones et passeront des années à vivre au sein des communautés locales. La plupart des métis nés des mariages mixtes apprendront quant à eux la langue française, en plus des langues autochtones, qui sera parlée jusqu’au 19e siècle dans leurs communautés.

Une partie des premiers Canadiens français sont venus de Paris, descendants des « Filles du roi ». Selon l’historienne et la conférencière québécoise Micheline Dumont, des centaines de femmes, parisiennes en majorité, et de tout statut social, sont arrivées entre 1663 et 1673. À l’initiative de Louis XIV, elles ont immigré pour se marier, dans une politique royale de peuplement.

Deux communautés canadiennes françaises voient le jour : la première intégrée aux locaux et parlant un français auquel se sont ajoutés un vocabulaire local et la deuxième est plutôt dans la colonisation, à l’écart des autochtones et parlant un français urbain. De l’influence linguistique de ces deux communautés est né le français canadien.

L’arrivée des troupes anglaises commandées par James Wolfe marqua la fin d’une période pour les canadiens français, surtout avec la chute du Québec en 1759 suivie par la capitulation de Montréal en 1760. Par ailleurs et à partir de 1755, le « Grand Dérangement » eut lieu. Il s’agit de la déportation de plus de 10 000 Acadiens vers la Nouvelle-Angleterre, la Louisiane, les Antilles et la France.

Notons que le document notifiant le Canada comme colonie britannique a été rédigé en langue française. Néanmoins, à partir de 1840, l’Acte d’Union sanctionné à Londres ordonne la rédaction en anglais de tout document provenant de la législature.

L’arrivée des loyalistes à partir de 1775 fuyant les États-Unis indépendants de la Grande-Bretagne sera également un événement marquant dans l’évolution de deux communautés anglophone et francophone cohabitant ensemble au Canada, avec une évolution prédominante de la première, notamment dans les métropoles et dans le monde des affaires.

Les Francophones de la Colombie-Britannique, une communauté forte et organisée

L’arrivée des francophones en Colombie-Britannique a eu lieu presque deux siècles après celle des français dans l’Est canadien. En effet, la présence francophone en Colombie-Britannique trouve ses origines dans les expéditions menées à partir de 1789 par Alexander Mackenzie, Simon Fraser et David Thompson. Ils ont été mandatés par la Compagnie du Nord-Ouest (CNO), basée à Montréal pour se frayer un chemin reliant le centre canadien aux rives du Pacifique à travers les montagnes. L’objectif était d’étendre le territoire commercial de la compagnie.

Les équipes des explorateurs étaient formées surtout de Canadiens français, dits « Canadiens », et aussi d’Iroquois, membres de la confédération des Cinq-Nations habitant au sud du lac Ontario – partie nord de l’État de New York aujourd’hui –, de Métis, d’autochtones, tous parlant la langue française. En 1805 notamment, plus de 20 Canadiens français arrivent avec Simon Fraser. Ils mèneront une série de voyages d’exploration aboutissant à la construction de nombreux forts pour le compte de la Compagnie du Nord-Ouest. Mais ce sont surtout les coureurs de bois qui s’installeront en premier en Colombie-Britannique. Ils seront 300 Canadiens français à y vivre en 1812, vivant du commerce des fourrures et de l’agriculture. Les communautés religieuses qui suivront, bâtiront en grande partie les églises, écoles et hôpitaux.

En 1850, plus de 60% des habitants d’origines européennes, peuplant la province, parlaient français. La tendance commença à s’inverser à partir de 1858 avec l’arrivée de nombreux Américains au début de la grande ruée vers l’or en Colombie-Britannique et l’anglais devint la langue majoritairement parlée.

Néanmoins, jusqu’au début du 20e siècle, et malgré la prédominance anglophone, le nombre de francophones s’installant en Colombie-Britannique, allait en augmentant tout en restant minoritaire. Mais c’est seulement en 1910 que naquit la première paroisse francophone en C.-B., à Maillardville, aujourd’hui un quartier de la ville de Coquitlam.

Dans les années 50, la communauté francophone tout en étant toujours minoritaire comptait des hôpitaux, des caisses populaires, des écoles et des cercles culturels.

La communauté des personnes d’expression française a continué à s’organiser et à grandir. Ses origines se sont diversifiées avec l’arrivée de nouveaux immigrants. Elles sont aujourd’hui 330 000 personnes à la composer.

Au-delà de l’aspect démographique et historique, les communautés francophones ont beaucoup apporté à l’art, à la littérature et à la vie sociale canadiens. Leur apport économique est incontestable (lire notre article : apport et enjeux de la francophonie au Canada, lien cliquable). La communauté des personnes d’expression française est une composante intégrale du Canada tout en étant diversifiée et multiculturelle. Malgré son aspect minoritaire, elle continue à se développer.

Texte écrit avec la collaboration de Maurice Guibord – Société historique francophone de Colombie-Britannique

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