Depuis des siècles, la francophonie a un impact et un apport historiques indéniables au Canada et ailleurs dans le monde. Aujourd’hui encore, l’organisation internationale de la francophonie l’OIF se bat pour le développement durable et la démocratie en accordant la priorité aux femmes et aux jeunes. Ses valeurs sont la solidarité, la diversité, le partage d’expériences, l’engagement et la concertation. Ces mêmes valeurs sont portées par les organisations francophones au Canada.
La communauté des personnes d’expression française ne cesse par ailleurs de participer et d’enrichir l’écosystème économique canadien, ainsi que la vie culturelle et sociale.
La langue française de son côté est la troisième langue d’affaires à l’échelle internationale. Étant présente sur cinq continents, elle rassemble environ 300 millions de francophones. Ils seront plus d’un milliard dans 30 ans.
Ainsi, nous comptons au Canada des populations d’expression française venues de partout, rassemblées dans leur diversité par la langue sur le sol canadien.
Apport économique et humain des francophones
La communauté des personnes d’expression française dans les Amériques est composée de 33 millions constituant ainsi des ressources humaines diversifiées, dynamiques et productives, œuvrant dans différents secteurs économiques, culturels et industriels. Ils sont 10,5 millions au Canada. 11 aux USA, 9,7 aux Caraïbes et 2,8 en Amérique latine.
Une étude menée par le Réseau de développement économique et d’employabilité du Canada (RDEE) a démontré que les petites entreprises francophones en milieu minoritaire représentent près de 19,5% des PIB du Canada. (1)
Elles sont en effet 430 000 entreprises francophones au Canada. Chaque dollar du PIB produit par l’espace économique francophone canadien contribue à 1,52 dollar du PIB global du Canada estime Statistique Canada. L’apport de ces entreprises est de 130 milliards de dollars en activités additionnelles hors Québec. (1)
Le français est un facteur multiplicateur de 1,6 sur le commerce canadien avec des pays francophones. Il a permis en 2011 l’accroissement du commerce en 3,5 milliards. (1)
Rappelons que selon les chiffres du Chartered Financial Analyst, CFA (2) l’espace francophone constitue économiquement 2,87 fois son poids démographique.
En Ontario par exemple les petites et moyennes entreprises (PME) francophones qui créent des emplois sont plus importantes que les entreprises non francophones. Celles qui génèrent des revenus supérieurs à 50 000$ sont également plus nombreuses en milieu francophone que chez les anglophones et autres communautés. (3)
Composition provinciale du tissu économique francophone au Canada
En dehors du Québec, l’Ontario vient en tête avec 50% des PME francophones en milieu minoritaire et compte 30 150 entreprises. Cela constitue 4,3% de la totalité du tissu économique canadien. Les compétences et la main-d’œuvre bilingue créent aux alentours de 80 milliards de dollars de valeur au niveau de la province, avec une participation de 12% au PIB ontarien.
À l’Ouest canadien, nous enregistrons la présence de 18 800 entreprises francophones, ce qui représente 31% de l’écosystème hors Québec. 4240 d’entre elles sont établies en Colombie-Britannique.
Afin de renforcer et d’accroître l’échange économique entre les provinces en langue française, les acteurs économiques de l’Alberta, du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario ont créé l’Alliance de la francophonie économique canadienne, AFEC.
Elle s’ajoute et relie un écosystème d’affaires francophone constitué du Conseil de développement économique de l’Alberta, de la Fédération des chambres de commerce du Québec, du Conseil économique du Nouveau-Brunswick et de la Fédération des gens d’Affaires francophones de l’Ontario.
Enjeu démographique :
Bien que le nombre de Canadiens dont la première langue officielle est le français augmente, leur poids démographique est en train de baisser depuis 2016 selon les chiffres de 2021 publiés par Statistique Canada. Nous avons recensé 7,8 millions de personnes d’expression française en 2021 contre 7,7 millions en 2016. Notons également que l’augmentation de 1,6% n’est pas proportionnelle à la croissance de l’ensemble de la population et qui est de 5,2%. Ainsi, le nombre a certes augmenté de 1,6% sur cinq ans, mais la proportion représentée a diminué passant de 22,2% en 2016 à 21,4% en 2021. En 1971, les Canadiens francophones représentaient 27,2% de la population canadienne. Ce fut la première année de recensement sur la première langue officielle parlée.
Malgré les 4,4% de l’immigration francophone fixés il y a quelques années et atteints en 2022, la croissance démographique ne pourra se réaliser même si celle du nombre le sera. L’écart continuera à se creuser à ce rythme. À titre d’exemple, le tiers de la population du Nouveau-Brunswick est francophone. Par contre, moins de 20% des immigrants sont francophones.
Enjeu économique
Cet enjeu démographique s’accompagne d’un enjeu économique : la pénurie de la main-d’œuvre et des compétences d’expression française. Paradoxalement, dans des provinces comme la Colombie-Britannique, les centres d’emploi francophones qui peuvent justement combler ce manque ont été fermés, car les droits linguistiques n’ont pas été respectés. Soulignons aussi que la reconnaissance des diplômes francophones obtenus en dehors de la province pourrait contribuer à résoudre le problème de la pénurie…
Outre les ressources humaines, les entreprises francophones font également face à des défis d’ordre administratif et règlementaire, d’accès à d’autres marchés, ainsi que d’inflation.
L’accès aux services encore insuffisant
Dans certaines provinces, l’accès aux services en langue française reste insuffisant, voire inexistant dans certaines zones. Les immigrants francophones temporaires n’ont pas droit à des structures d’accueil et d’accompagnement. Étant donné qu’elles sont de surcroît en situation minoritaire, souvent et face aux obstacles, elles repartent et quittent le Canada, pourtant, elles avaient beaucoup à y apporter…
La communauté des personnes d’expression française constitue une force économique et sociale au Canada contribuant avec un apport qualitatif et quantitatif substantiel. Néanmoins, une condition sine qua non s’impose pour lui permettre d’optimiser son potentiel et de jouer un rôle plus important. En effet, il est impératif que les gouvernements provinciaux et fédéraux prennent conscience de cela et soutiennent les initiatives francophones à la juste mesure. Soulignons également l’effet démultiplicateur permettant d’amener le Canada vers davantage d’innovations, de justice sociale et d’ouverture sur le monde…
Sources :
1 : https://rdee.ca/enjeux/francophonie-economique-canadienne/
2 : CFA : Association mondiale des professionnels de l’investissement
3 : https://onfr.tfo.org/les-entreprises-francophones-creent-plus-de-richesse-que-les-anglophones/
Quelques chiffres :
- 4240 entreprises francophones en Colombie-Britannique.
- 18 800 entreprises francophones à L’Ouest canadien.
- 50% des PME francophones en milieu minoritaire sont en Ontario
- 30 150 entreprises en Ontario.
- Les PME francophones en milieu minoritaire représentent près de 19,5% des PIB du Canada.
- Elles apportent 130 milliards de dollars en activités additionnelles hors Québec.
- 300 millions de personnes sont d’expression française dans le monde
- 33 millions de personnes sont d’expression française aux Amériques
